Joliment en colère

Paris, Le 27 Janvier 1916

Petit Loulou chéri,

J’ai été cet après-midi chercher les photos. A mon grand regret, je ne peux t’en envoyer une aujourd’hui comme je te l’avais promis. Elles n’étaient pas prêtes, j’ai été reculée à Samedi 29. Je t’assure que je suis joliment en colère. Ce n’était pas une envie de rire qui m’a pris cette fois-ci, mais une rouge. Qu’est-ce que je lui ai passé à la caissière !

Il y a déjà assez de temps que tu attends, sans encore reculer.

Heureusement que j’ai reçu ce soir ta gentille lettre du 23. Ça m’a remis de ma colère. Je n’y pense même plus. C’est étonnant l’effet que produisent tes lettres lorsque je suis agacée. J’oublie tout, pour ne penser qu’à toi. D’ailleurs, comme je pense sans cesse à toi, dans ces moments-là, j’y pense doublement.

Enfin, j’espère que Samedi je serai plus heureuse. Cela fait encore deux jours à attendre. J’espère que ta santé est toujours bonne.

Dans cet espoir et dans l’attente de tes bonnes nouvelles, reçois mon mignon chéri, mes plus tendres baisers. Ta petite fiancée qui t’aime toujours d’avantage,

Germaine

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