Folle de toi

Paris, le 14 Janvier 1916

Mon cher petit Loulou,

J’ai reçu ce soir ta gentille lettre du 11 me faisant part de l’arrivée de notre photo. Tu as dû bien rire en la voyant ? Moi, rien qu’en la regardant, je m’éclate de rire en pensant à ce jour-là. On peut dire que nous avons ri de bon coeur !

Tu ne sais pas ce que je disais ce soir à mon père ? Je lui disais : “Lucien ne dit pas s’il va bientôt revenir en permission” (Je crois que j’exagère un peu et que je trouve les permissions un peu trop à mon goût). Tu penses si mon père s’est moqué de moi. Il m’a demandé à quoi je pensais et si je ne devenais pas folle.

A qui je pense, ce n’est pas dur à chercher ! Tant qu’à devenir folle ? En effet, je le suis, mais c’est de toi.

Tu me dis que tu vas partir au repos. J’en suis toute joyeuse, pour toi et pour moi, car tu vas m’écrire de longues lettres. Hier, je ne t’ai pas écrit, j’ai été occupée toute la journée avec Madeleine. Ses confidences sont terminées heureusement, c’est bien Madeleine. faire toute une histoire pour des bêtises pareilles. Je commence à m’y habituer.

J’espère que mon petit mot te trouvera en parfaite santé. Dans cet espoir et dans l’attente de tes nouvelles, reçois mon mignon chéri les baisers les plus tendres de ta fiancée qui t’adore,

Germaine

 

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