Excuse ma sottise

Paris, Le 12 Janvier 1916

Petit Chéri,

Je viens de recevoir ta mignonne lettre du 9. Je m’en veux beaucoup de t’avoir fait de la peine en t’écrivant l’autre jour. Pauvre petit chéri, je comprends fort bien que toi aussi tu es triste et que tu t’ennuies. Je n’aurais pas dû te dire mon chagrin. Au contraire, j’aurais dû être la plus courageuse.

Mais ne dis pas que tu es si seul. Tu sais que ma pensée est constamment avec toi. Je ne pense qu’à toi. A présent, je suis très courageuse et je n’ai plus de vilaines idées comme l’autre jour. Je vis en pensant à nos bonnes journées passées ensemble et ce souvenir m’est infiniment doux et me fait espérer des jours meilleurs.

En lisant ta lettre, je me suis traité de sotte, je n’aurais pas dû t’écrire en rentrant de la gare. J’aurais dû attendre le lendemain, mes idées auraient été plus claires et j’aurais réfléchi qu’en te montrant mon chagrin, j’augmenterais le tien. Je n’ai fait que te décourager et cela est très mal de ma part. Quand au contraire j’aurais dû t’écrire une belle lettre pour te consoler et adoucir ton sort. Mon petit chéri, je te demande pardon de ma sottise. Je ne veux plus te faire de peine. Maintenant le vilain cafard ne me possède plus, j’ai repris mon courage et c’est toujours confiante dans l’avenir que je t’écris. Mieux que cela, je vis dans l’espérance d’une nouvelle permission. Tu vois, ta petite Germaine est complètement changée à côté de la semaine dernière. Es-tu content ?

J’espère que ta santé est toujours bonne. Dans cet espoir et dans l’attente de tes nouvelles, reçois mon petit Loulou mille fois chéri, les plus tendres baisers de celle qui t’appartient pour la vie,

Germaine

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