Je t’attendrai avec impatience

Paris, Le 4 Décembre 1915

Mon petit chéri,

J’ai reçu ce matin ta gentille lettre du 30 et ce soir celle du 1er. Comme tu vois, je suis bien favorisée. Si je suis favorisée, je suis d’un autre côté bien déçue. Moi qui m’imaginais te voir bientôt. Mieux encore, je t’attendais. Je croyais que ta permission allait être pour tout de suite. Dans une de tes lettres, tu me disais que tu serais rentré depuis longtemps pour le Jour de l’An. Aussi, j’avais cru comprendre que c’était pour tout de suite et je t’attendais.

Je n’osais même pas sortir de peur que tu arrives pendant mon absence. J’avais même depuis quelques jours négligé de t’écrire souvent, pensant que mes lettres ne te parviendraient pas avant ton départ.

Enfin, je dis comme toi, j’aime mieux que ta permission soit à venir que passée. Car je sais bien que s’il ne tenait qu’à toi, tu serais déjà près de moi. comme toi, j’attendrai avec patience, plutôt avec impatience. J’ai dans l’idée que c’est au moment que tu t’y attendras le moins que tu partiras.

N’importe quand tu viendras, tu seras toujours bien accueilli, tu n’en seras que plus désiré en m’ayant fait attendre. Tu n’en mériteras que plus de baisers.

Tu me dis que tu es sur le point de revoir un de tes anciens secteurs. Est-ce de la tranchées de Calonne que tu veux parler ou bien des Eparges ?

J’espère que tu es toujours en bonne santé. Dans cet espoir et dans l’attente de tes bonnes nouvelles, je t’embrasse mon petit Loulou chéri bien tendrement.

Ta petite fiancée qui t’aime,

Germaine

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