Est-ce pour dans un mois, six mois ou un an ?

Paris, Le 9 Décembre 1915

Mon Loulou adoré,

J’ai reçu ta gentille lettre du 3 et aujourd’hui celle du 5. Comme tu vois, je suis bien favorisée par la correspondance. Je n’ai pas à me plaindre. Au sujet des permissions, je crois que je peux le faire. Je récrimine : pourquoi ne te laisse-t-on pas venir à présent ? Je suis désolée. Moi qui m’était fait une fête de te revoir. C’est rageant. Tu me dis que ta permission s’annonce de plus en plus lointaine. C’est légèrement vague comme date, aussi je me pose un vaste point d’interrogation.

est-ce 09-12-15

Est-ce pour dans un mois, six mois ou un an ? J’en veux à tout le monde en ce moment. Pas à toi mon pauvre petit chéri, qui n’en est pas la cause, et qui en est, au contraire, le premier à souffrir, mais à tes chefs. C’est encore toi que je plains le plus, car j’espérais que tu viendrais pour les fêtes du jour de l’An. Ce qui aurait été, il me semble beaucoup plus agréable que de les passer dans une tranchée.

Enfin, nous ne sommes pas maîtres des choses, il faut se résigner et espérer. Le principal, c’est que ta santé soit toujours bonne.

Dans cet espoir, je t’envoie mon petit chéri les baisers les plus tendres de ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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