Dixième portrait

Paris, Le 23 Novembre 1915

Mon Loulou chéri,

Je ne me suis pas trompée hier en disant que j’espérais une lettre de toi pour aujourd’hui. Figure-toi qu’au lieu d’une, j’en ai reçu trois. Tu penses ma joie. Mais il faut de dire que dans les trois, il n’y en avait que deux pour moi. La troisième était destinée à tes parents, mais tu t’es trompé d’adresse. Je te la renvoie.

Dans ta lettre du 18, je m’empresse de te dire que j’ai trouvé ta gentille photo qui s’étant faite attendre a été des mieux accueillie. Tu es très bien, mais c’est malheureux qu’elle soit rayée. Je commence à avoir une belle collection de portraits. J’en suis à mon dixième. J’en ai bien un onzième, mais inutile d’en parler puisqu’il n’existe qu’en cendres.

issancourt seul

Dans ta lettre du 20, qui est le double de celle de tes parents, tu viens de quitter Issancourt pour Sommedieue. Tu te rapproches des lignes. Tu vas sans doute revoir ton ancien secteur des Eparges.

Tu ne me parles pas dans tes deux lettres d’un sujet qui m’occupe beaucoup en ce moment : les permissions.

J’espère que ta santé est toujours bonne et que le vilain temps vous a quitté.

Dans l’attente de tes bonnes nouvelles, reçois mon petit chéri mes plus doux baisers.

Celle qui t’aime,

Germaine

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