Paris, Le 5 Novembre 1915

Mon petit Loulou adoré,

J’ai reçu hier une lettre de Marcel, me demandant de tes nouvelles. Il pense qu’une crise de flemme t’a pris, car voici longtemps qu’il est sans nouvelle de toi, et il me demande si je suis mieux renseignée que lui. Il y a des chances !

Il se plaint que les pilotes de St Cyr cassent plus de bois qu’il n’en peut réparer. Pauvre Cécelle ! Il est bien à plaindre ! Je vais lui écrire un petit mot par le même courrier.

Je pensais mon petit chéri, recevoir de tes nouvelles hier, puisque maintenant tu es au repos. Mais pas plus hier qu’aujourd’hui, je n’ai rien eu. Tu vas me trouver bien exigeante ? Et tu vas certainement te dire : ” Ma petite Germaine devient vraiment gourmande, elle ne me laisse même pas respirer la première journée de mon repos “.

Si je te dis cela, c’est pour te taquiner, car je suis persuadée que tu n’as pas eu le temps de m’écrire et que ce soir ou demain matin, j’aurai une longue lettre de mon petit Loulou. Je te sais si gentil, que chaque fois que tu es au repos, c’est pour m’écrire, si je ne reçois rien, c’est que tu es occupé. Donc tu vois, je suis bien tranquille.

Est-ce que ton petit pays est gentil ? J’espère qu’il n’est pas trop triste et que maintenant tu es complètement remis de tes fatigues.

J’ai vu Madeleine hier. Robert Sut est de nouveau à Fontaine-Madame. Elle m’a prié de te souhaiter le bonjour ainsi que sa soeur.

J’espère que ta santé est toujours bonne. Tant qu’à moi, je vais très bien. J’attends une mignonne lettre avec impatience. En attendant ce plaisir, reçois mon aimé, de ta petite fiancée qui t’adore, mille tendresses,

Germaine