Le cafard, ce funeste animal

Paris, Le 12 octobre 1915

Mon chéri,

J’ai reçu hier au soir ta gentille lettre du 8. Je me préparais à te répondre lorsque je reçois à nouveau celle du 10. Cette semaine, je suis favorisée à coté de la précédente. De plus tes deux gentilles lettres m’ont un peu tranquillisé, puisque dans toutes les deux, tu es à l’arrière.

Je souhaite que cela soit pour longtemps, car le cafard m’a joliment travaillé cette semaine. C’est à un point, que lorsque je me mettais à t’écrire, aucune idée ne me venait. Moi qui me croyait à tout jamais débarrassée de cet animal funeste, je me suis trompée. Tout cela parce que je n’avais pas de nouvelles.

Que d’idées stupides on se fait. J’ai beau me dire que cela n’est pas la première fois. Que j’ai déjà été plus longtemps sans lettre. Non, rien n’y fait. La vilaine bête travaille et l’esprit trotte on ne peut mieux.

Enfin, tes deux mignonnes lettres on fait fuir à tout jamais ce sale animal. Je suis plus tranquille sur ton sort maintenant que je te sais un peu éloigné du danger.

Mais sans doute pour peu de temps. Enfin, je mets toute ma confiance en ta bonne étoile qui t’a conservé en bonne santé jusqu’à ce jour.

J’espère que mon petit mot te trouvera en bonne santé comme il me quitte. Dans cet espoir, et en attendant de tes bonnes nouvelles, je t’embrasse mon petit Loulou chéri le plus tendrement que je t’aime.

Germaine

 

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