Paris, Le 26 Octobre 1915

Mon petit Loulou chéri,

J’ai reçu hier ta carte du 21. Je suis très heureuse de te savoir toujours en bonne santé.

J’ai fait un petit inventaire de tes lettres et j’ai trouvé comme total le chiffre assez joli de deux cent, tout juste. Dans ce nombre, il y en a une mille fois préférée aux autres (pourtant je les aime toutes). Et cette préférée, tu la connais. Je ne me lasse pas de la relire. La pauvre chère lettre ! Figure-toi qu’elle est presque usée tant je l’ai couverte de baisers. Heureusement, tous les passages sont gravés dans ma mémoire. Je les sais par coeur.

Comme cela fait du bien et réconforte de relire toutes ces mignonnes lettres. Lorsque le cafard vient me tourmenter, c’est toujours près de tes gentilles missives que je reprends courage. J’y ai recours souvent.

Quand donc toutes gentilles lettres feront place à mon petit Loulou ? Il faut toujours de la patience.

En espérant que ma lettres te trouvera en bonne santé, reçois mon petit chéri les plus doux baisers de ta petite fiancée qui t’adore.

Germaine