3 jours sans parler

Paris, Le 1er Septembre 1915

Mon petit Loulou chéri,

J’ai reçu hier au soir ta gentille lettre du 27.

Tu me demandes de détruire ta photo qui a été faite à Paris. Tu me dis que cela te fera plaisir. Donc je n’ai pu faire autrement que de la brûler, car je n’aurais pas pu la déchirer. Quoique cette photo soit mal, c’était toujours toi qui était dessus, aussi je n’aurai jamais eu le courage de te mettre en morceaux. J’ai gardé les cendres, j’espère que cela ne te contrarieras pas.

Je n’ai pas encore adressé la parole à mon père. Vois d’ici comme c’est gai depuis Lundi matin que cela dure. On est aujourd’hui Mercredi, cela fait donc trois jours sans parler. Et ce n’est pas fini. Je n’attraperai pas une extinction de voie.

Ce n’est pas moi qui reviendrai la première. Il me doit des excuses pour tout ce qu’il m’a dit, et je tiens à les avoir car ce qu’il m’a dit m’a fait trop de peines. On me fait pas pleurer pour rien, moi.

J’espère que tu es en bonne santé, et qu’il fait toujours beau et chaud où tu es. Ici, la température a bien baissé, et on endure facilement un manteau.

En attendant de tes bonnes nouvelles, je t’embrasse mon petit chéri bien tendrement.

Celle qui t’adore,

Germaine

Creative Commons License