Journée de vente

Paris, Le 27 Septembre 1915

Loulou chéri,

Que d’inquiétudes depuis cinq jours ! Pense, je n’avais pas de tes nouvelles. Enfin aujourd’hui j’ai reçu ta gentille lettre du 24 qui m’a complètement rassurée.

Je suis certaine qu’il y a au moins 2 de tes lettres de perdues ou d’égarées. Il est vrai qu’il n’y a rien à dire, l’avance que nous venons d’avoir a surement retardé la correspondance.

Hier, journée de vente. Cela a assez bien marché. Figure toi que j’ai eu la chance d’avoir un numéro. C’est extraordinaire, moi qui n’ai jamais de chance. Que vais-je gagner ? Si seulement pour lot, je pouvais obtenir la fin de la guerre. C’est tout ce que je demanderais. Et toi, as-tu eu la chance avec mes pochettes ? Dis moi vite la réponse.

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J’ai vu Marcel hier. Nous nous sommes rencontrés place de l’Etoile. C’est d’ailleurs l’endroit où je devais vendre. Il m’a raconté ses exploits qui m’ont bien fait rire. Il ne m’emmènera pas en side-car. Je ne serai pas assez rassurée, j’aurai trop peur d’aller malgré moi dans une terrasse de café. Il m’a pris une collection de pochettes, mais je crois qu’il a passé à côté du gros lot. Et son auto, que va-t-elle devenir s’il ne gagne pas ?

Il m’a dit aussi qu’il avait vu dernièrement tes parents et que dans une promenade en auto, ils n’avaient pas eu de chance. Cette dernière leur ayant joué de mauvais tours.

Ensuite il m’a quitté prétextant des courses pressées. J’ai continué ma vente et j’ai eu la chance de rapporter une bonne recette. Malgré tout, la journée m’a semblé bien triste puisque je n’avais pas de tes nouvelles depuis le mercredi. Enfin ce soir je suis toute contente et en même temps rassurée.

J’espère que ta santé est toujours bonne et que le cafard ne te tourmente plus.

En échange de ta rafale de baisers, je t’envoie une pluie de mes plus doux baisers.

Ta petite fiancée qu’est folle de toi,

Germaine

27-09-15

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