Péplum

Paris, Le 10 Septembre 1915

Mon mignon chéri,

J’ai reçu hier au soir une nouvelle photo qui comme les précédentes m’a fait un immense plaisir. Celle-ci se fait remarquer par son originalité. Cette scène truquée est des plus amusantes. Celui qui fait le bôche est bien dans son rôle. Il en a un peu la tête.

Si tu ne m’avais pas prévenu, j’aurai cru cette scène véridique. Il me semble que tu réprimes une forte envie de rire sur cette photo. Tu es comme toujours le plus mignon. Je t’aime décidément mieux avec le casque qu’avec le képi. Je trouve que cela te va mieux. Malgré tout, la coiffure n’a pas grande importance, n’importe comme tu sois, je t’adore toujours autant.

Maintenant, c’est moi qui possède le plus de photos. Et je crois qu’à présent, c’est les miennes qui sont les plus mal.

Figure-toi que je voulais te faire une surprise. Tu m’avais dit lorsque je t’ai revu que tu aurais bien aimé avoir une photo de moi en péplum. Lorsque j’ai vu Marcel, je lui ai demandé qu’il veuille bien me le prêter, mais figure-toi qu’il n’a que le vieux. Comme à ce dernier il manque un genou, j’aurai eu l’air d’une chiffonnière. Je me souviens maintenant que c’est toi qui a gardé celui de la promenade du Tréport. Comme tu vois, je voulais te faire plaisir, et je n’ai pas réussi. Enfin, je vais chercher un autre moyen.

Quand le remettrai-je ce péplum ? Peut-être jamais !

J’espère que ta santé est toujours bonne. Chez nous, cela va bien. Le calme est rétabli. C’est comme dans les communiqués !

En attendant de tes nouvelles, je t’embrasse mon Loulou adoré bien tendrement. Celle qui t’aime,

Germaine

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