Voyage à Beauvais

Paris, Le 23 août 1915

Mon bien aimé,

J’ai reçu ta chère lettre du 19 avant hier au soir. C’est avec grand regret que je n’y ai pas répondu hier. Comme je t’ai déjà dit dans mes précédentes lettres, je suis allée ainsi que mon père à Beauvais.

Ce n’était pas un voyage bien gai. Nous allions sur la tombe de mes grands-parents que j’ai jamais connu.

Nous devions partir à 8 heures mais nous avons changé d’idée, et ne sommes partis qu’au train de midi pour en revenir à dix heures du soir. Il y a deux heures de trajet. Comme tu vois, nous sommes restés très peu de temps.

Je n’avais jamais été dans cette ville. C’est très gentil. Il y a des monuments historiques. Tel que la statue de Jeanne Hachette et la tour où fut enfermée Jeanne d’Arc et bien d’autres encore. Dans les rues ce n’est que vieilles maisons peintes en toutes couleurs qui donnent, ma foi, un air de gaieté à la ville.

La cathédrale est magnifique. Le choeur est même très renommé.

Il y a un endroit réservé pour jouer à la paume. Cet emplacement qui est un vaste jardin est transformé en camp de ravitaillement. J’y ai admiré au moins 300 autos-fourgons. C’est la première fois que j’en voyais tant.

Enfin, je reviens à ta lettre qui est à mon avis bien plus intéressante que la ville de Beauvais. Tu me dois donc 2 baisers. Je reconnais avec beaucoup de honte que je n’en mérite qu’un, ta patience est trop douce, mais je ne m’en plains pas, au contraire, tu peux être certain, que je n’oublierai pas de me faire régler cette dette.

Comme ce n’est pas pour tout de suite, je crois que je pourrais réclamer des intérêts. En aurai-je le droit ? J’espère bien que oui !

Tu me parles aussi d’une photo que tu dois m’envoyer. Rien qu’à cette pensée, je suis au comble de la joie. Donc envoie-moi la bientôt.

J’espère que tu es toujours en excellente santé. Tant qu’à moi, je vais très bien. J’ai été au bois ce matin, et ai fait bien attention à moi comme tu me le recommandes.

En attendant une aussi gentille lettre que ta dernière, je t’envoie mon petit Loulou mes plus tendres baisers et mes plus douces pensées.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

Tu es désormais toute ma vie,
Rien n’est au dessus de toi.
Rien n’est pour moi
Aussi grand, aussi beau !!!

Ton nom est gravé dans mon coeur
Rien ne l’en effacera

Je t’aime chaque jour d’avantage
Mon coeur est tout à toi sans partage

Il nest pas de sort plus doux
Que de vivre d’un seul amour
en faisant un peu de bien autour de soi

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