Vois quel chic voyage !

Paris, le 21 Août 1915

Mon Loulou chéri,

J’ai reçu hier soir deux lettres de toi. Celle du 15 et celle du 17.

C’est très drôle, tes lettres en ce moment me parviennent deux par deux. Je ne m’en plains pas, loin de là, mais je préfère qu’elles arrivent séparées. Cela me fait paraître le temps moins long. Tandis qu’ainsi je reste des 4 et 5 jours sans nouvelles. Enfin, comme je ne peux y remédier, je me soumets.

Dans ta première lettre, tu me dis de faire attention à moi en bicyclette. Ne t’inquiète pas à l’heure où j’y vais, il n’y a pas encore de voiture, surtout que je m’éloigne du centre de Paris. D’ailleurs, je n’y suis pas retournée depuis Dimanche. Toute seule, cela n’a rien d’engageant. Si seulement tu étais avec moi, je ne me ferais pas prier.

Tu me dis aussi que tu te réjouis à la pensée d’avoir de nouvelles photos de moi. Lorsque tu vas voir ce que tu sais, tu n’en diras peut-être pas autant. Elles sont si petites et si mal faites !

Tu me dis que j’oublie de t’envoyer mes pensées. En effet, et cela est très mal de ma part. Je t’en ai mis plusieurs à la dernière page. Mais si tu m’en demandes plusieurs chaque jour, mon carnet sera vite épuisé. Il est vrai que j’en ai beaucoup qui ne sont pas inscrites.

Dans ta seconde lettre, tu me racontes tes talents de jardinier ou de menuisier. Je ne sais lequel des deux, car tu me dis que tu as confectionné une tonnelle. Est-ce en verdure ou est-ce en bois ?

Demain matin, je vais à Beauvais par le train de 8 heures et nous rentrons le soir à 10 heures. Vois quel chic voyage !

21-08-15

En attendant de tes bonnes nouvelles, je t’envoie mon petit chéri mes plus tendres baisers,

Celle qui t’adore,

Germaine

L’épreuve est la rude écorce d’un fruit,
Qui s’appelle le Bonheur.

Le Bonheur ne se donne pas, il s’échange.

Il faut que le coeur se brise ou qu’il se bronze.

briseoubronze21-08-15

Toi, dont la voix est douce et douce la parole,
Mon bel amour, reviendras-tu me voir
Ou comme en soupirant l’hirondelle s’envole
Mon bonheur fuira-t-il !!! Sans espoir…

L’attente d’un retour ardemment désiré
Donne à tous les instants une longueur extrême
Et l’absence de celui qu’on aime
Quelque peu quelle dure à toujours trop duré

J’aime qu’on m’aime
comme j’aime
quand j’aime

 

 

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