Coups de soleil

Paris, le 6 août 1915

Mon petit Loulou,

J’ai reçu hier deux lettres de toi. Une adressée ici et l’autre revenant de St Quay. Cette dernière s’est payée de la promenade, elle est passée par Alençon et a mis 6 jours à voyager. Je te remercie de tes bons souhaits. Tu espères que j’ai attrapé des coups de soleil. Je te remercie. Tu es adorable, tu te figures peut-être que cela fait du bien. Soit content ! Le soleil ne m’a pas épargné. Je suis couleur pain d’épice. On pourrait croire que mon cou et mes bras sont passés à la teinture d’iode. C’est tout ce qu’il y a de plus élégant. Je crois même que je n’éclaircirais jamais. Donc tu peux être satisfait.

Ce n’est toujours pas à Paris que j’en attraperai de nouveau. Il pleut tous les jours.

Hier je me suis bien amusée. Mon père a envoyé une carte à Marcel. Elle représentait un aéroplane avec son pilote (un jeune garçon) accompagné d’une passagère. Sur une aile, Papa a écrit Cécel. Voyez aéroplane Cécelle ! J’en ai eu le fou-rire toute la soirée. Pauvre Cécelle ! Heureusement qu’il a bon caractère et qu’il ne se fâche jamais.

Tu me dis que tu n’es pas mal dans ton hamac. Très bien ! Mais tu n’as pas répondu aux deux questions que je t’avais posé. La deuxièmes m’intéresse encore plus, puisqu’elle te concerne personnellement. N’oublie pas d’y répondre ? Quelle taquine je fais !

J’ai trouvé un jour à St Quay un trèfle à cinq feuilles. Vois d’ici quel bonheur il doit porter puisque un de 4 porte bonheur. Aussi l’ai-je gardé précieusement pour toi afin de te rendre la pareille puisque tu m’en a donné un. Il n’est pas si joli que le tien, (je n’avais pas le choix) cela n’empêchera pas son pouvoir. langage fleurs 13 Je vais terminer cette lettre car il se fait tard, 10 heures passées et je tombe de sommeil. Si seulement j’étais réveillée comme le mercredi 21 juillet !

En espérant que ma lettre te trouvera en bonne santé, je t’envoye mon chéri mille doux baisers.

Celle qui t’aime et t’adore,

Germaine

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