Pensées

Paris, le 14 Août 1915

Mon petit Loulou chéri,

Je viens de constater avec une grande honte que voici trois jours que je ne t’ai pas écrit. Que dois-tu penser de moi ? Trois jours c’est si long. Je mérite une pénitence et je l’attends.

Voici pourquoi je n’ai pas écrit : Je ne recevais rien de toi. Maintenant, je vais te dire pourquoi je ne recevais rien. Tes lettres mettent à présent 5 jours à me parvenir, tandis qu’auparavant elles venaient en trois jours. C’est donc un petit peu de la faute à la poste si je ne t’ai pas écrit.

Enfin ce matin la lettre tant attendue est arrivée. C’est celle du 9 août. Comme tu vois, elle a mis 5 jours.

Tu me dis justement dans cette lettre que j’ai du rester 4 jours sans nouvelles, aussi tu me plains. Si tu savais que je ne t’ai pas écrit depuis 3 jours, tu ne le ferais peut-être pas. Et encore, je crois que si, tu es tellement gentil.

Tant qu’à tes photos, ne te tracasse pas. Je reconnais en effet que sur la dernière tu n’es pas bien, mais la précédente me suffit, cette dernière est d’ailleurs ma préférée, malgré tout j’aime de tout mon coeur d’une façon égale la personne qui est représentée sur toutes les photos en ma possession.

J’espère que tu es en bonne santé et que le temps est beau de ton coté. Ici le temps est très orageux.

Je t’envoie plusieurs pensées. Tu me diras celle que tu préfères.

En attendant, je t’envoie mon Loulou chéri mille doux baisers de ta petite fiancée qui ne peut te dire combien elle t’aime,

Germaine

Je t’aimerai Toujours. O parole éternelle
Mot que Dieu nous donna avec le souvenir
Serment pur et ravi d’un coeur toujours fidèle
Qu’on dit dans un baiser ou dans un long soupir

Comme le flot que le vent chasse
Et qui près de nous vient mourir
Ainsi tout change, ainsi tout passe
Tout… excepté le Souvenir

La pensée, c’est le Souvenir
C’est la parole dans le Silence
C’est la présence dans l’Absence

La fleur la plus belle
Perd enfin sa beauté
Mais un amour fidèle
Dure une éternité

Un coeur à l’autre uni jamais ne se retire
Et pour l’en séparer, il faut qu’on le déchire

Quand on aime, il n’y a pas de peine, ou s’il y a de la peine, c’est une peine qu’on aime

Creative Commons License