On va donner des permissions

Paris, le 6 Juillet 1915

Mon petit chéri,

J’ai reçu ta gentille lettre du 1er dans laquelle tu te rappelles de doux souvenirs. Moi aussi, je repense souvent avec envie à l’année dernière à pareille époque. Aujourd’hui le 6, c’était la veille de ton premier départ et la promenade au Tréport. Quel beau jour que celui de cette promenade. Quand en reverrons-nous de pareils ?

Je ne sais si tu connais la nouvelle. On va donner des permissions par roulement à tous les hommes du front. Voici deux jours que les journaux en parlent. Le ministre de la guerre a donné des ordres à ce sujet aux commandants d’armées. Si cela pouvait être vrai, j’en suis toute joyeuse rien que d’y songer. Si seulement on te donnait huit jours, je crois qu’il y en aurait un pour moi.

pp-05-07-1915

Ce qui m’ennuie, c’est que je vais partir. Le médecin veut absolument que mon père parte à la mer, non pas dans le Nord où il fait trop de vent, mais en Bretagne où le climat est plus doux, ce n’est que pour un mois heureusement. Je suis toujours garde-malade, aussi hier, je n’ai pas eu le temps de t’envoyer un petit mot.

J’espère que ta santé est toujours bonne. Moi je vais toujours très bien. En attendant un gentil petit mot de toi, je t’envoie mon gentil chéri, beaucoup de baisers.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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