Mon père est malade

Paris, Le 4 Juillet 1915

Mon Loulou adoré,

J’ai reçu hier soir ta gentille lettre du 29 qui a mis beaucoup de temps à me parvenir, je commençais même à m’inquiéter.

Tu me dis avoir reçu ma mèche de cheveux, qui d’après ta lettre t’a fait grand plaisir.

Voici deux jours que je ne t’ai pas envoyé seulement un petit mot. Mon petit chéri, figure-toi que mon père vient de tomber malade. Décidément, je n’ai pas de chance. Il a des crises au foie tout ce qu’il y a de plus terrible. Donc je suis garde malade depuis deux jours. Je crois que nous allons quitter Paris pour quelques temps. Mon père a besoin de repos. L’endroit de notre résidence est encore inconnu. Peut-être la mer, peut-être la campagne, mais surement l’un des deux.

Il avait été question dernièrement de partir en Bretagne rejoindre mon amie Marie-Louise. Ce voyage ne me plaisait guère, vois la distance qui nous aurait séparé. Surtout que c’est au fin fond du Finistère.

La correspondance doit mettre un temps infini à parvenir. Sans cela, je préfèrerai être avec une amie, sans quoi qu’est-ce que je m’ennuierais dans un pays pas connu. Madeleine retourne à Cayeux, moi je n’aurai pas le courage d’y aller. D’ailleurs mon père en a assez, il ne veut plus en entendre parler. Pauvre cher Cayeux. Pays où j’ai passé les meilleures heures de ma vie.

Enfin, n’importe où j’irai, je te tiendrai au courant.

En espérant que ma lettre te trouvera au repos et remis de toutes tes fatigues. Je t’envoie petit chéri mille doux baisers de ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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