Une mèche de cheveux

Paris, Le 23 Juin 1915

Mon petit chéri,

J’ai reçu hier soir avec une joie sans égale ta lettre du 19 contenant une mèche de tes cheveux. Tu es adorable mon petit Loulou. Tu ne peux te faire une idée du plaisir que tu m’as fait. Tu es mignon, tout plein mignon. C’est un tout petit peu de toi que j’ai retrouvé. Aussi, pour te remercier, je te renvoie une mèche des miens. Puisse ces cheveux te faire autant plaisir que les tiens. Depuis hier, je suis je crois légèrement folle. Je me suis amusée hier soir à défaire le noeud qui retenait tes cheveux et j’ai admiré la longueur. Tu vois d’ici quelle gosse je suis. Mon pauvre chéri, tu devais avoir vraiment chaud avec une si longue chevelure. J’aurai bien voulu te voir ainsi, tu devais être frisé comme un vrai Loulou que tu es. Il est vrai que dans n’importe quelle coiffure tu dois être adorable. Je ne crois pas qu’à Cayeux, je t’aurais trouvé une si longue mèche.

Pauvre Cayeux, comme j’y pense en ce moment. Dire qu’il va y avoir bientôt un an que je te connais. Le temps a passé vite, mais pas encore assez.

J’espère que tu es toujours en bonne santé et toujours au repos. En attendant de tes nouvelles, je t’envoie mon cher petit Loulou autant de baisers que de cheveux. Si tu as de la patience, compte-les.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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