Un beau jeune homme vous regarde

Paris, Le 18 Juin 1915

Mon cher petit Loulou,

Je réponds à tes deux lettres que je viens de recevoir, celle du 12 et celle du 14. Je suis très heureuse de constater que dans tes deux lettres tu viens de recevoir de mes nouvelles.

Je m’ennuie tant quand je sais que tu ne reçois rien, je m’ennuie je crois encore plus que toi.

Tu me demandes si je te trouve encore triste dans tes lettres. Un peu moins. Je crains fort que ce soit ce manque de lettre qui t’aie attristé, pourtant mon petit chéri, tu dois savoir que je pense à toi sans cesse. Je n’ai qu’une pensée, et cette pensée c’est pour toi.

Tu me demandes aussi, si c’est mon goût que tu préfères la dernière photo que je t’ai envoyé. En effet, cette photo est la mieux que tu possèdes, il faut te dire qu’elle a été faite en pensant beaucoup à toi, aussi c’était un peu forcé qu’elle réussisse, de plus le photographe avait touché presque juste en me disant : “Pensez qu’il y a un beau jeune homme qui vous regarde, aussi soyez aimable”. Mais je pensais : il y a un beau jeune homme du nom de Lucien qui sera très heureux quand il recevra cette photo (est-ce vrai ? tu vois, je ne m’étais pas trompée).

J’espère que tu es toujours en parfaite santé. En attendant un gentil mot de toi, je t’embrasse mon petit chéri, aussi tendrement que je t’aime.

Celle qui t’adore,

Germaine

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