Mlle Claudine

Paris, Le 1 Juin

Mon petit Loulou chéri,

En souvenir de la Journée Française, je t’ai réservé une petite surprise. Je me suis fait photographier en tenue de quêteuse. Je crois que cette photo te fera plus plaisir que n’importe quelle médaille que je pourrais t’envoyer. Je ne t’ai pas prévenu afin que ma surprise soit complète. Es-tu content ? Et ai-je bien fait ?

Moi je suis très contente car je sais que cette photo te fera plaisir. Elle n’est pas trop mal à part que j’ai l’air de gober les mouches avec ma bouche ouverte. Il est vrai qu’elle a été tirée le soir de la première journée, j’avais tellement peu causé que je ne pouvais plus fermer ma bouche.

J’ai reçu une lettre de toi du 26. Tu es dans un bois de poteaux télégraphiques d’après ce que tu me dis. Tu dois plutôt avoir chaud, sans ombrage.

L’idée de te savoir appelé “Mlle Claudine” m’amuse énormément.

Pauvre chéri ! Tu me dis qu’on abime mon Loulou. Il n’y a pas de danger, tu es trop gentil pour ça.

J’ai à te demander, dans tes lettres, tu ne me dis plus que tu reçois de mes nouvelles. N’en recevrais-tu pas ? Voici 6 lettres de suite que je reçois et jamais tu me parles des miennes. Cela m’ennuie beaucoup. Dis-moi bien vite que tu en as reçu.

J’ai vu Madeleine Dimanche qui était dans un état comme jamais je ne l’ai vu. Elle s’est mise en colère sous pretexte que Robert Sut ne lui écrivait pas, et je t’assure que j’ai passé une drôle de journée. Elle me demande chaque fois que je la vois : “As-tu des nouvelles ?”. Je réponds toujours oui ne sachant pas qu’elle en est privée. Aussi cette réponse la met doublement en colère.

J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé. Je termine en chargeant ma photo de mille doux baisers pour toi.

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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