Paris, Le 22 Juin 1915

Mon petit chéri,

J’ai reçu ta lettre du 17, m’apprenant ta remise au repos. Décidément, tu connaitras Verdun. Il est vrai que Belleville est encore assez loin de là. Je préfèrerai de beaucoup que tu soies à Belleville dans Paris. il me semble que cela ne te déplairait pas non plus ? Quand viendra-t-il ce repos ?

J’ai reçu une nouvelle invitation pour quêter. Cette fois-ci, c’est au profit des orphelins de la guerre et ce n’est pas encore fini, il y a en perspective au moins 4 nouvelles journées. Vois d’ici comme le monde sera généreux. La journée de l’orphelinat des armées devait avoir lieu Dimanche dernier qui était le 20 juin. Mais les divers sociétés qui s’occupent de tout cela n’étaient pas d’accord, ce qui fait que la date a été reculée à Dimanche prochain 27 Juin. Je vais bien m’amuser, pense, je suis toute seule, mon amie Marie-Louise est déjà à la mer. Je ne peux tout de même pas la faire revenir de Bretagne pour une vente d’une journée. L’insigne sera encore une médaille. J’espère que cette lettre te trouvera au repos. Robert Sut est en Argonne. Il n’a plus le même secteur que toi. On lui écrit au secteur 59.

En attendant de tes bonnes nouvelles, je t’envoie mon Loulou chéri tous mes plus doux baisers de celle qui t’adore,

Germaine