Verdun bombardé

Paris, Le 10 Juin 1915

Mon Loulou chéri,

Je viens de recevoir ta lettre du 6 qui m’a rendue très heureuse. Tu es content de ma photo. Je suis donc grandement récompensée du mal que je me suis donnée ce jour-là, puisque je t’ai fait plaisir.

J’aime mieux cette lettre-là que la dernière au moins dans celle-ci, tu parais très content ; tandis que dans la précédente, tu paraissais en colère. Je comprends facilement que cela n’a rien d’agréable de rester sans nouvelle mais maintenant pareille chose ne se renouvellera plus, puisque je t’écris tous les jours. Tu seras forcé d’en recevoir, même s’il y en a de perdues. Je suis aussi contente que toi, de savoir arrivée ma photo. J’aurais été très ennuyée de savoir le contraire car je ne tiens pas que celle-ci se promène dans les mains de tout le monde. J’aurais pu t’en envoyer une autre, mais j’aime mieux qu’il en soit ainsi.

Es-tu toujours au repos à Verdun ? dernièrement, sur les journaux, on apprenait que Verdun avait été bombardé, tu penses dans quel état j’étais puisque je t’y savais. Ce qui m’a rassuré, c’est en sachant qu’il n’y avait eu accident de personne. C’est malheureux tout de même de ne pas vous laisser tranquilles même étant au repos. Ils sont vraiment enragés pour faire du mal.

J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé et toujours au repos.

En attendant une gentille lettre de toi, je t’envoie mon petit chéri, tous mes plus tendres baisers.

Celle qui t’adore,

Germaine

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