Cause de tes tristesses

04-06-1915

Paris, Le 4 juin 1915

Mon petit chéri,

As-tu reçu ma photo ? En es-tu content ?

Moi, j’ai reçu hier deux lettres de toi aussi je ne me plains pas. C’est toi mon pauvre chéri qui est à plaindre d’être dans un endroit aussi peu favorisé. Où es-tu en définitif ? Depuis quelques temps, tu me dis être dans un bois plutôt toc, mais où loge-t-il ce bois ? Je souhaite que l’on t’envoie bien vite au repos et que l’on te change de secteur.

Figure-toi que je suis bien ennuyée. Dans tes deux lettres que je viens de recevoir, tu ne me parles toujours pas des miennes. Tu as reçu mes cartes, mais pas de lettre. Cela me désole, car tu dois t’ennuyer sans nouvelle. De plus, je sens que tu t’ennuies dans tes lettres. Est-ce le voisinage de ce bois dévasté qui t’attriste ou est-ce que tu ne recevrais pas de mes nouvelles et que tu n’oserais pas me le dire de peur de me faire de la peine ?

Je t’en prie mon Loulou, écris-moi bien vite que je ne suis pas la cause de tes tristesses. Je t’envoie le petit drapeau que je t’ai promis dans une de mes lettres.

J’ai vu Madeleine hier. Sa colère était passée. Heureusement ! Robert lui a envoyé 7 petites photos différentes. Elles sont très intéressantes. Elles représentent j’en suis certaine un endroit où tu as déjà passé puisque nous êtes toujours ensemble.

J’espère que tu es en bonne santé et que tu n’oublieras pas de me tranquilliser au sujet de mes lettres.

Je termine en t’envoyant, mon petit chéri, mes plus tendres baisers.

Celle qui t’adore,

Germaine

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