Fiancé modèle

Paris, Le 7 Mai 1915

Loulou chéri,

J’ai reçu hier une gentille lettre de toi du 2. Je m’aperçois avec bonheur que malgré que tu sois en ligne, je reçois presque tous les jours ou tous les deux jours une lettre de toi. Aussi, je t’adresse un compliment, car j’ai pu juger qu’en ce moment grand nombre de personnes de ma connaissance sont privées de lettres ; entre autre Madeleine qui a reçu dans tout le mois d’avril quatre lettres de Robert, lorsque moi j’en ai 15.

Je suis on ne peut plus heureuse de constater que malgré tout, tu fais l’impossible pour m’écrire et pour me contenter.

Je t’ai demandé dernièrement une photo, j’ai eu mon désir réalisé de suite. Aussi cette gentille photo est je t’assure bien choyée et bien gardée : 12 canons (insignes) l’entourent, 2 drapeaux, une branche de houx et de nombreux baisers lui servent de cadre.

Comme tu es gentil mon chéri ! Tu es le fiancé modèle. Comme tous ces petits riens me prouvent combien tu m’aimes. Aussi tu peux être certain que tu es largement payé en retour.

J’ai fait cette nuit un rêve délicieux. La guerre était terminée et je te revoyais pour la première fois. Que de baisers nous échangions ! Mais hélas ! ce n’était qu’un rêve. A quand la réalité ?

J’ai vu Madeleine hier, qui était ma foi assez triste. La journée a été comme elle.

J’espère que tu es en bonne santé et que ma lettre te trouveras au repos et non pas dans ta maison. Tant qu’à moi, je vais à présent on ne peut mieux.

Je t’envoie mon amour, tout plein de baisers pour te reposer.

Celle qui t’adore,

Germaine

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