Pauvre Serreulles !

Paris, Le 8 Mai 1915, 22h

Mon chéri,

Je viens de recevoir ce soir à 8h1/2 ta lettre du 5 m’annonçant la mort de ce pauvre Serreulles. Pauvre garçon ! Il paraissait bien gentil. Cette nouvelle m’a bien frappé, aussi je n’ai pas voulu me coucher sans te répondre.

Je n’ai pu m’empêcher de pleurer en lisant ta lettre. Je ne le connaissais pour ainsi dire presque pas, puisque je ne l’ai vu qu’une fois, mais je m’étais prise d’amitié pour lui.

Sa franche gaieté et son bon caractère me plaisaient. Il paraissait si bon camarade pour toi.

Pauvre garçon ! dire que dernièrement dans une de mes lettres, je te parlais de lui et je le plaisantais au sujet de son chapeau. A présent, nous ne lui ferons plus de niche.

Causons un peu de toi. Tu es en ce moment dans une caserne de Verdun. L’animation de cette ville va te distraire un peu.

J’espère que ta santé est toujours bonne. Tant qu’à moi, je vais très bien.

Je t’envoie mon petit Loulou mille baisers. Celle qui t’adore,

Germaine

Creative Commons License