Aéros au Brighton

langage fleurs 9

Paris, Le 10 Avril 1915

Mon Loulou chéri,

Je viens de recevoir ta bonne lettre du 2 où tu parais très inquiet au sujet de ma santé. Je m’en veux de t’avoir donné pareille inquiétudes. Je n’aurai pas dû te dire que j’étais malade, mais tranquillise-toi, à présent je vais mieux. J’espère avoir payé ma dette de maladie pour cette année et ne plus avoir à te parler de moi.

Toi, qu’es-tu devenu ? Dans cette lettre, tu te prépares à partir au feu. Où es-tu maintenant ? J’espère que ta santé est toujours excellente.

Je viens d’interrompre un instant ta lettre pour aller regarder un superbe biplan qui plane juste au dessus de la maison. Ce spectacle m’a rappeleé un souvenir lointain, mais encore présent à ma mémoire et que tu te rappelles peut-être aussi. Un jour à Cayeux (je ne te connaissais que de vue, mais je t’aimais déjà), il arrive deux aéros, comme il faisait un vent de tous les diables, ils durent atterrir au Brighton.

J’étais à ce moment-là dans une cabine avec la mère à Marcel et une autre dame ; tu es arrivé avec Marcel et en voyant les aéros, au lieu d’entrer, vous vous êtes mis à courir vers Brighton.

J’étais très heureuse en te voyant paraître car j’espérais faire ta connaissance, mais juge de mon désappointement lorsque j’ai vu que tu t’envolais comme par enchantement. Ce jour-là, si j’ai été à Brighton, tu peux être certain que c’était rien que pour toi. Je me moquais pas mal des aéros. Quel doux souvenir ! t’en rappelles-tu ?

Connais-tu le langage de la fleur que je t’envoie ? Cherche et tu trouveras.

En attendant de tes bonnes nouvelles, je t’envoie mon petit chéri, tous mes plus tendres baisers,

Ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

Creative Commons License