Les Poilus de la 9ème

Paris, Le 16 Mars 1915

Mon chéri,

J’ai reçu avec grand plaisir une gentille lettre de toi. Je suis très heureuse, voici deux jours de suite que j’ai de tes nouvelles. Et toi, reçois-tu souvent des miennes ? Je t’écris presque tous les jours, mais j’ignore si ces lettres te parviennent.

Depuis quelques temps, tes lettres portent sur le cachet le numéro 110. Aurais-tu changé de secteur ?

Je lis en ce moment dans Le Journal un feuilleton qui m’intéresse beaucoup, et qui me plait énormément. Le titre est de circonstance : les Poilus de la 9ème.

LeJournal-16-03-1915-poilus9e

C’est un caporal qui raconte sa vie depuis le début de la guerre. Figure-toi que ce caporal, je m’imagine que c’est toi. Aussi en lisant tous les jours le feuilleton, je me figure que c’est ta vie que je lis et que c’est toi qui vit dans ces quelques lignes. Ce caporal a pour ami un certain Jollivet, surnommé La Volige, qui pour moi n’est autre que Serreulles.

En lisant ces lignes, tu vas sans doute te dire que je suis vraiment gosse, mais mon chéri , je suis excusable, je t’aime tellement que dans mon idée, je te vois partout.

J’espère que cette lettre te trouvera au repos et toujours en bonne santé. En attendant de tes nouvelles, je t’envoie mon petit chéri, mes plus doux baisers.

Celle qui t’adore,

Germaine

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