Il fait très froid

Paris, Le 1er Février 1915

Mon Loulou chéri,

Ce matin j’ai reçu une lettre de toi qui m’a fait grand plaisir ; mais je ne veux pas que tu t’adresses de reproches pour ton impossibilité à m’écrire le jour de ta piqure. Je juge au contraire que tu as très bien fait. Ta santé avant tout, moi après. J’espère qu’à présent tu es tout à fait remis de cette légère indisposition.

Tant qu’à moi, inutile de t’alarmer à tort. J’ai été souffrante par suite de froid attrapé ; mais depuis le jour où je t’en ai fait part, il n’y parait plus. Depuis une quinzaine de jours le froid ayant été un peu rude, je crois que tout le monde prend froid facilement.

Tu me demandes le temps qu’il fait à Paris ? Il fait très froid, et hier pour la première fois, nous avons eu de la neige : mais très peu, elle a fondu de suite. Quand est-ce que l’hiver sera fini ? car j’ai horreur du froid. Je demande la fin de l’hiver pour une autre raison beaucoup plus intéressante. Une fois l’hiver terminé, cela nous rapprochera un peu de ton retour ; mais au train où vont les choses, je crois que nous ne sommes pas au bout.

Enfin patience ! plus l’épreuve sera longue, plus nous sentirons combien nous nous aimons et plus nous serons heureux.

Lorsque tu recevras cette lettre, tu seras sans doute près à repartir pour le front, car les 20 jours de repos doivent prendre fin vers le 6 février. Donc je ne te dis pas courage, car je sais que tu es un brave, je te dis ces quelques mots qui te réconforteront mieux. Je t’aime tendrement, de tout mon coeur, de toutes mes forces, je t’attends avec patience, fait ton devoir.

En attendant de tes bonnes nouvelles, reçois mon Loulou adoré les baisers les plus tendres de ta fiancée pour la vie,

Germaine

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