J’ai vu Madeleine

Paris, Le 26 Février 1915

Mon Loulou chéri,

Depuis huit jours, je suis privée de mes gentilles lettres quotidiennes, mais je ne m’en plains pas car je sais qu’il t’est impossible d’écrire. Comme je sais que tu penses sans cesse à moi, je m’en console un peu.

J’ai vu Madeleine hier, qui est sans nouvelle de Robert depuis plus longtemps que moi. Ce qui m’a montré combien tu es gentil et combien tu penses à moi ! puisque j’ai reçu dernièrement une lettre me faisant part de ton retour sur le front ; tandis que Madeleine n’a rien reçu et ignore ce qu’est devenu son fiancé. Je l’ai rassurée un peu, en disant que tu étais à nouveau sur le front, car comme vos deux régiments se suivent, Robert a peut-être été empêché d’écrire pendant ce déplacement.

Inutile de te dire que nous avons causé de vous deux toute l’après-midi. D’ailleurs deux fiancées réunies ne peuvent causer que de leur chéris et de leur bonheur prochain.

Nous sommes toutes étonnées lorsque vient le moment de nous quitter ! Le temps passe vraiment vite lorsque nous parlons de vous, aussi on se sépare en se promettant de revenir bientôt.

J’espère que ta santé est toujours bonne. Madeleine m’a prié de te présenter ses meilleurs amitiés.

Pour toi mon chéri, reçois les plus tendres baisers de ta petite fiancée qui t’adore,

Germaine

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