Framboises, entremets et croissants

Paris, Le 20 février 1915

Mon Loulou adoré,

J’ai reçu ce matin ta bonne lettre du 17 avec grand plaisir, hier n’ayant rien reçu, cette lettre m’a fait doublement plaisir.

Tu me dis dans cette lettre m’avoir envoyé la photo du bureau de poste de Dampierre. J’aurai sans doute cette carte à un autre courrier, car elle n’était pas avec ta lettre.

Dampierre_Poste

Je suis très heureuse et très contente que ces personnes du bureau de poste t’aient si bien accueilli, je leur en suis très reconnaissante. Ce bon accueil ne m’étonne nullement, tu es si sympathique et si charmant, que tu plais à tout le monde.

Dans une de tes dernières lettres, tu me dis que ce monsieur t’a offert des framboises à l’eau de vie fabriquées par sa femme. Ce qui m’a fait penser que lorsque nous serrons tous les deux, je pourrai te gâter comme cette dame. Je ne suis pas si savante qu’elle, pour les boissons je ne m’y entends pas du tout, mais, si tu es gourmand et que tu aimes les entremets, les crèmes et les gâteaux, tu seras je crois bien servi.

J’attends de toi en échange une chose, tu vas sans doute me trouver exigeante. Je te demanderai seulement de me faire prendre l’habitude de déjeuner le matin, chose que je ne peux sentir en temps normal et qui sera avec toi un délice. Mais pour cela je réclame un croissant pris de la même manière qu’à Cayeux. Suis-je exigeante ? Je suis sûre que cela ne te déplaira peut-être pas ? Tu as je crois encore beaucoup de temps devant toi avant d’exaucer ce désir.

Enfin, espérons avec patience que cet heureux temps viendra bientôt. J’espère que tu es en parfaite santé, pour moi il en est de même. Rien de nouveau à te dire. A part que je t’aime de plus en plus fort.

Je termine mon chéri en t’envoyant mille baisers bien doux de ta petite fiancée qui t’adore pour sa vie,

Germaine

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