Cigarettes bien reçues

Paris Le 8 décembre

Mon tendre chéri,

Je viens de recevoir la carte militaire m’annonçant l’arrivée à bon port de mes cigarettes. Je suis très heureuse pour toi. Lorsque tu seras fatigué, tu auras qu’à en fumer quelques-unes comme elles viennent de moi, je crois que ce remède sera excellent car elles te feront penser à moi et tu ne sentiras pas ta fatigue, mais fait attention qu’elles ne prennent pas la poudre d’escampette comme les dernières.

J’ai en ce moment ta photo sous les yeux, (qui est plus souvent près de mes lèvres que près de mes yeux) tu parais vraiment fatigué. Qu’est-ce que cela doit être à présent ? Je donnerai beaucoup pour être dans un petit coin de ton gourbi et sans que tu me voyes, pouvoir t’admirer.

Es-tu toujours avec ton camarade Charles, celui qui m’a tant amusé à Cayeux avec ses mésaventures de chapeau. J’espère qu’il est toujours en bonne santé. Je comprends facilement qu’il fasse une boue du diable dans ta région. A Paris il pleut depuis huit jours sans arrêt. Ce qui me chagrine énormément en pensant à toi. Enfin le principal c’est que ta santé soit bonne.

En attendant de tes bonnes nouvelles je t’envoie mon chéri mes plus tendres baisers de celle qui t’aime,

Germaine

lettre 08-12-1914

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