Marcel était parti comme motocycliste

Paris le 20 Octobre 14

Lucien chéri,

Hier en revenant de conduire mon père à la gare du Nord, j’ai trouvé sous ma porte une gentille lettre de toi du 16. Avec quel plaisir j’ai vu que tu étais toujours en bonne santé et toujours très courageux. Je suis seule à la maison pour quelques jours, mon père est parti à Cayeux pour tâcher de rapporter nos bagages que nous avons laissé par suite de notre départ précipité. Je crois qu’il aura bien du mal à y parvenir, car de ce coté les lignes de chemin de fer sont fortement encombrées.

J’ignorais complètement que Marcel était parti comme motocycliste ; je croyais qu’il était à Caen à apprendre son métier de soldat. ça ne pas être une mauvaise place car il doit avoir assez de liberté.

Je suis vraiment ennuyée de te savoir souffrir du froid, si je pouvais comme à Cayeux te prêter ma fourrure, te rappelles-tu ce jour-là, c’était le dernier que je te vis depuis la guerre. Enfin j’espère que le jour où je te reverrai est proche. C’est dans cette heureuse attente que je te quitte en t’envoyant mes plus tendres baisers de celle qui t’aime et qui pense bien à toi,

Germaine

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