Paris est bien mort (sauf la visite d’un Taube)

Paris Le 28 septembre 1914

Mon petit chéri,

J’ai reçu hier une lettre de toi du 6 septembre comme tu le penses, elle a été bien accueillie, car il y avait exactement un mois jour pour jour que je n’avais plus de tes nouvelles.

Je suis heureuse de te savoir en bonne santé, mais comme tu dois être fatigué ! Voilà près de deux mois que tu es en campagne, ajouté à cela les privations, les longues marches, les nuits sans sommeil ou passée à la belle étoile. Tout cela tu ne m’en parles pas et pourtant c’est ce qui m’intéresse le plus. Je sais combien tu dois être malheureux, les récits que nous font les journaux me le prouvent bien, tu ne veux sans doute pas me conter tes peines de peur de m’attrister.

J’ai partagé avec toi de doux moments, il serait bien juste que maintenant que tu passes de mauvais jours, je les partage aussi en les connaissant.

Tu ne dois pas recevoir mes lettres, car il y a un mois que je suis rentrée à Paris et ta lettre était adressée à Cayeux ce qui l’a énormément retardé.

taubeParis est bien mort, heureusement que dimanche dernier nous avons eu pour nous amuser la visite d’un Taube, malheureusement je n’ai pas eu le plaisir de le voir, n’ayant favorisé que les habitants du Trocadéro.

Enfin je souhaite que ma lettre te trouve en bonne santé, dans cet espoir je te quitte en t’envoyant mille bons baisers.

Celle qui t’aime et qui pense à toi,

Germaine

112 Avenue Ledru Rollin, Paris 11e

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