T’admirer en Pioupiou

Cayeux, le 23 juillet 1914

Lucien Chéri,

J’ai bien reçu tes deux petites lettres m’annonçant ton arrivée pour samedi soir, je ne sais pas si je serai à la gare pour le train de 7h40, car j’ai reçu une lettre de Papa me disant qu’il ne savait pas s’il pourrait venir à Cayeux, étant donné que le caissier de sa maison vient de mourir subitement, et qu’il faut qu’il le remplace en ce moment.

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S’il vient il n’arrivera qu’à huit heures et demi et j’aurai le plaisir d’aller t’attendre à la gare et de t’admirer en pioupiou.

Si Papa ne venait pas quelle belle journée nous passerions dimanche. Mon crampon s’en va demain matin, nous serions tous les deux bien tranquilles ; n’ayant personne derrière mon dos.

Il fait bien vilain temps ici, il fait un vent à ne pas sortir dehors encore plus de vent que le jour des aéros au Brighton.

Je vais te quitter car mon crampon trouve qu’il y a trop longtemps que je suis en train d’écrire.

En attendant le plaisir de t’avoir avec moi samedi, je t’envoie mes plus tendres baisers.

Celle qui t’aime,

Germaine

1914-07-23-bis

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