Quand te reverrai-je ?

Cayeux, le 30 Juillet 1914

Mon cher petit Lucien,

Tu dois me trouver bien paresseuse à te répondre, ce n’est pas que je ne pense pas à toi, bien au contraire, surtout en ce moment avec ces bruits de guerre, tu es sans cesse dans ma pensée, j’ai tellement peur qu’il arrive quelque chose, et que tu sois obligé de partir.

1914-07-30Comme je te disais dans ma dernière lettre, j’ai été ennuyée avec Papa. En plus la bonne m’ayant laissé seule, je suis obligée de passer mon temps à en chercher une autre. Ma propriétaire s’est proposé, j’ai accepté, mais je suis forcée de la mettre au courant ce qui m’a pris assez de temps et qui m’a obligé à reculer d’un jour ma correspondance. J’espère que tu ne m’en voudras pas pour si peu de chose.

As-tu reçu ma lettre que je t’ai envoyé mardi, ne sachant pas que le quartier était consigné, je l’ai envoyé chez toi.

Maintenant je vais être forcée de passer mes dimanches loin de toi ce qui va me sembler bien triste. Quand te reverrai-je ? C’est ce que je me demande tous les jours.

En espérant qu’il n’arrive rien de fâcheux, et que tu ne m’en veux pas d’avoir tardé à t’écrire, je t’envoie mon petit chéri tous mes plus tendres baisers.

Celle qui pense bien à toi,

Germaine

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