Les pauvres soldats exposés en plein soleil

Cayeux, le 15 juillet 1914

Mon cher petit Lucien,

J’ai bien reçu ta lettre envoyée par l’intermédiaire de Marcel, je l’ai eu un peu tard, ce qui m’a empêché de te répondre plus tôt ; mais c’est de ma faute car je n’ai pas su me débarrasser de mon crampon seulement 5 minutes dans la matinée.

Lettre du 15 juillet 1914

Je suis heureuse de te savoir bien rentré dimanche à Amiens et que ton escapade n’ait pas eu de suite fâcheuse. Tant qu’à moi je suis très bien rentrée de la gare, sauf une bonne averse. Je crois que le temps est comme moi, il manifeste son déplaisir de ton départ par la pluie.

Tu as du vraiment avoir chaud pour aller à la revue, ici il faisait un temps lourd, on ne savait guère où se mettre. Au déjeuner, hier, la conversation roulait justement sur le malheur des pauvres soldats exposés par un temps pareil en plein soleil. Il y avait un monsieur qui prétendait que cela vous faisait du bien, il était vraiment mal tombé car je lui en ai dit, j’en ai eu mal à la tête toute la journée. Papa s’en va ce soir, tu pourras maintenant écrire à la maison.

Je suis obligée de te quitter car j’entends mon crampon qui m’appelle depuis au moins dix minutes et j’ai peur qu’elle monte dans ma chambre. Il est 8 heures un quart et je devrais être descendue depuis une demi-heure. En attendant de tes bonnes nouvelles pour bientôt, je t’envoie mon petit chéri, mille tendres baisers.

Germaine

 

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