Je te remercie beaucoup de ta bonne lettre

Cayeux, le 8 juillet 1914

Mon cher petit Lucien,

Je te remercie beaucoup de ta bonne lettre que j’ai reçue ce matin. Je suis heureuse de voir que tu as pensé à moi aussitôt ton arrivée à Paris et cela m’a un peu consolée, car je suis très triste depuis hier, surtout pour revenir de Noyelles, mes larmes mélangées avec la pluie changeaient ma pauvre figure en cascade, Marcel était forcé de se retourner très souvent pour voir si j’étais encore là car je ne disais pas un mot.

Lettre du 8 juillet Comme je m’ennuie ici, n’importe où je vais il me semble te rencontrer, fausse illusion car tu es bien loin. Je n’ai même pas le courage d’aller en vélo, le souvenir de nos bonnes parties au Tréport et au Hourdel où je t’avais à côté de moi me semblerait trop triste toute seule.

Je n’ai pas encore vu Marcel depuis ton départ. Je ne suis pas libre une seule minute depuis que j’ai cette dame avec moi ; ses yeux sont sans cesse braqués sur moi en ce moment et je t’assure que j’ai du mal à écrire aussi tu m’excuseras si je t’en écris pas plus long.

Je te quitte, en attendant de recevoir de tes bonnes nouvelles, je t’envoie mon cher Lucien mes plus tendres baisers,

Germaine

 

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