Je puis te dire combien je t’aime

Cayeux, le 10 juillet 1914

Mon petit chéri,

J’ai reçu ta seconde lettre qui m’a un peu réconfortée de voir que tu penses toujours à moi ; j’en ai vraiment besoin en ce moment, je suis toujours très triste et ne sais guère que faire de moi. La dame qui est avec moi en ce moment se demande la cause de cette tristesse et de cette lassitude, elle prétend que cela vient de l’émotion ressentie samedi dernier par l’accident du chemin de fer (heureusement que l’on peut se tromper).

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Le petit parisien, 05/07/1914 (gallica.bnf.fr)

Depuis qu’elle est arrivée, je ne suis pas libre de faire ce que je veux, je l’ai toujours avec moi, lorsque je t’ai écrit l’autre jour, j’ai eu vraiment du mal afin qu’elle ne voie pas à qui je destinais la lettre.

En ce moment, je t’écris dans ma chambre, il est 6 heures et demie. Je ne crains personne et je puis te dire combien je t’aime et combien tu me manques à présent ; tu serais resté seulement un mois, quelles belles vacances j’aurais passé en ta compagnie, tandis que maintenant me voilà toute seule pendant trois mois, et bien d’autres encore, vraiment la perceptive n’est pas gaie. Comme je disais hier à Marcel, il me semble toujours que tu vas revenir, que tu es dans le pays faisant une course un peu longue ; vous ayant toujours vus ensemble, lorsque je vois Marcel il me semble que tu le suis de près.

Papa arrivera samedi au train de 7 heures et repartira mercredi soir, tu pourras m’écrire comme tu disais, Marcel me fera parvenir tes lettres.

Merci pout ton beau trèfle, j’espère qu’il nous portera bonheur à tous deux et sa charmante devise, il la gardera pour toujours.

Fais attention de ne pas attraper de punitions afin que je te revoie bientôt. Dans cet espoir, je t’envoie mon chéri mes plus doux baisers,

Germaine

Lettre du 10 juillet 1914

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