Je nageais dans les détritus de toutes sortes

Cayeux, lundi 20 Juillet 1914

Mon doux Lucien,

Si tu as passé une mauvaise journée hier, moi j’en ai passé une bien plus mauvaise encore. Ta gentille lettre d’hier m’a apporté la tristesse et l’ennui pour huit jours, moi qui était heureuse de voir arriver le dimanche, il faut que je patiente encore une semaine afin de t’avoir avec moi, et une semaine c’est bien long. Hier j’étais d’une humeur massacrante, toutes les personnes de ma connaissance ont pu en juger par l’amabilité de mes paroles à leur répondre.

1914-07-20

De tout cela c’est toi qui est le plus à plaindre, moi je deviens assez libre maintenant, mon crampon me laisse faire à ma guise, hier afin de me distraire de ma solitude, j’ai été faire un tour en vélo au Brighton, j’étais tellement troublée par la lecture de ta lettre me disant que tu ne venais pas que j’ai été piquer une tête dans une boite aux ordures, décidément le Brighton ne me vaut rien la dernière fois que j’y ai été, c’était avec toi et si tu te rappelles, j’ai déjà pris un billet de par terre. Mais hier je n’avais personne pour me ramasser et je nageais dans des détritus de toutes sortes.

Enfin je suis toujours sûre de te voir dimanche et cela me console. En attendant cet heureux moment je t’envoie mon chéri, mille gros baisers. Reçois-les de celle qui t’aime et qui t’aimera toujours,

Germaine

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