Fais ton possible pour venir me voir

Cayeux, le 18 juillet 1914

Mon chéri,

J’ai bien reçu ce matin ton aimable lettre qui m’a fait grand plaisir surtout de savoir que je te verrai peut-être demain. Je me réjouis déjà à l’avance rien que de penser que je t’aurais quelques heures près de moi, tout près de moi où je pourrais me pelotonner dans des bras et oublier les tristes journées où je suis toute seule rêvant à toi, te voyant sur une grande route accablé par la chaleur au milieu d’un régiment. Donc fais tout ton possible pour venir me voir, je serai si contente.

Marcel est revenu hier à midi avec une drôle de figure car on l’a trouvé très bon et doit partir pour le mois d’octobre.

Je vais te quitter dans l’espoir de te voir demain, mais si quelquefois tu ne pouvais pas avoir de permission, je ferais un gros sacrifice afin que mon petit Lucien ne couche pas à la salle de police. Car je serais encore plus triste si je savais que c’est à cause de moi que tu y serais.

En attendant je t’envoie mes plus doux baisers.

Celle qui t’adore,

Germaine

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