Je passe toutes mes journées à ma cabine

Cayeux, le 11 juillet 1914

Mon bon petit Lucien,

Merci pour tes gentilles lettres, comme je suis contente de recevoir tous les jours de tes nouvelles. Elles me consolent un petit peu de ton absence. Comme tu dois être mal par ce temps si chaud exposé en plein soleil sur un champ de manœuvre, vraiment je te plains beaucoup. Si tu avais été là ce matin pour prendre un bain, il me semble que je l’aurais trouvé meilleur.

Depuis que tu es parti, je passe toutes mes journées à ma cabine, toujours en bonne compagnie ; il n’y a que le matin que je puis m’esquiver pour aller voir Marcel, nous causons de toi et je trouve le temps un peu moins loin, mais je n’y reste pas bien longtemps, à peine un quart d’heure.

cabine

Il m’a proposé de m’emmener en moto, mais je n’y tiens pas, si j’y allais c’était pour être avec toi, mais maintenant que tu es parti, je m’en passerai facilement. Il serait plus fort que moi d’aller m’amuser avec lui pendant que toi tu serais tout seul à t’ennuyer. J’aime encore mieux la solitude, je m’aperçois au moins combien tu me manques et je ne pense qu’à toi.

As-tu reçu hier une lettre de moi ? Dans ma précipitation d’écrire l’adresse, je crois avoir mis Paris au lieu d’Amiens. Je profite toujours d’un petit moment que je suis seule pour t’écrire aussi comme je ne le suis pas souvent je suis forcée de mettre les bouchées doubles et j’ai dû surement me tromper, si tu l’a reçu cela doit faire la troisième avec celle-ci. Dans ta prochaine lettre, tranquillise-moi à ce sujet.

Dans l’espoir que ma lettre te fera passer un bon moment, je t’envoie mes plus tendres baisers,

Celle qui t’aime et qui s’ennuie loin de toi,

Germaine

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