Journal intime

Samedi 25 juillet 1914

Journée exquise passée avec mon Lucien chéri. Comme il avait l’air content lorsque j’ai été le chercher au train, et moi jamais je n’avais ressenti pareil joie à l’arrivée du rapide Cayeux-Noyelles.

Petit Lucien, Mon Dieu comme je t’aime si tu savais tous les chagrins, toutes les peines que je vais endurer avec mon père pour toi, je t’aime tellement que je sens que si je ne devenais pas ta femme dans quelques années, j’aimerai mieux mourir que d’appartenir à un autre. Je ne lui ai pas encore fait comprendre que je voudrais être sa femme, mais je crois qu’il m’accorderait ce désir si je lui disais combien je l’aime, il est mon adoration, ma joie, mes espérances, mon bonheur et ma vie, maintenant, tout dépend de lui.

Hélas ! il y a toujours de tristes lendemains après les beaux jours. Papa a troublé notre fête à tous les deux, nous étions si heureux de nous trouver ensemble. Aussitôt que mon père fit son apparition dans la cabine, il est devenu triste, triste, il ne me disait plus rien et moi je ne sais ce que j’avais on aurait juré que ma langue était paralysée, je ne pouvais rien dire pour le consoler. Lucien respectait mon silence. J’aurai voulu entendre sa voix chérie me murmurer des mots bien doux, mais il restait muet, comme plongé dans un rêve. Ce qui avait je le sais, il avait peur que mon père me gronde, pauvre chéri, il avait bien raison ce qu’il craignait arriva et le soir moi qui était toute triste de n’avoir pu le reconduire à la gare et de ne pas avoir pu lui donner un baiser d’adieu, je fus obligé d’entendre des paroles qui me mettait hors de moi…

 

 

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